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Ouverture du festival Lumière à Lyon : En attendant Wong Kar-wai

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C’est devenu une tradition. Sur la scène de la halle Tony-Garnier à Lyon, devant pas loin de 5000 personnes – parmi lesquelles deux ministres d’État (Gérard Collomb, ancien maire de Lyon, et Françoise Nyssen) -, Thierry Frémaux accueille son cortège d’invités. Directeur de l’Institut Lumière, délégué général du festival de Cannes et grand organisateur — avec Bertrand Tavernier — du festival Lumière, il devient, le temps de l’ouverture de cette 9e édition et durant toute la semaine (jusqu’au 22 octobre), un véritable chef d’orchestre et chef de chœur. Et prend un malin plaisir à faire décréter par cette cinquantaine de personnes sur scène que le festival est ouvert. Un peu plus fort. Un peu plus clairement. Un peu plus ci, un peu plus ça et, dans la salle, les gens se marrent jusqu’au moment où, comme une seule femme et comme un seul homme, ils vont à leur tour répéter la phrase fatidique.

 

Michael Mann, Tilda Swinton, Guillermo del Toro, Marisa Paredes, Daniel Brühl, Gérard Collomb, Françoise Nyssen et quelques autres déclare ouvert le festival Lumière 2017 (Photo JCL)

Citons, parmi les invités, Jean-François Stévenin, Vincent Lindon, Ludivine Sagnier, Marina Foïs, Tonie Marshall, Gérard Jugnot, Robin Campillo, Thomas N’gijol, Anne Le Ny, Catherine Frot, Pierre Richard, Christophe Lambert, Michèle Laroque, Robert Guédiguian, Marina Golbahari, Alexandre Desplat, Daniel Brühl… et Tilda Swinton, Marisa Paredes, Jerry Schatzberg, Alfonso Cuaron, Guillermo del Toro et Michael Mann. Excusez du peu !


Eddy Mitchell venait présenter La mort aux trousses de Hitchcock et les souvenirs échangés entre le chanteur et Tavernier furent généreux. Arrivé au son de Pas de boogie woogie, le chanteur fit un tour de salle triomphant. Après un petit concert de mariachis en l’honneur des deux cinéastes mexicains présents — « ¡ Ola cabrones ! », plaisantèrent Guillermo del Toro et Alfonso Cuaron —, Eddy Mitchell et Bertrand Tavernier se lancèrent dans une série d’anecdotes marrantes du tournage de Coup de torchon avant un éloge de Jean Rochefort et un rappel de la phrase de Mark Twain que l’acteur aimait citer : « Dieu a créé l’homme parce qu’il était un peu mécontent du singe. »

Se tournant ensuite vers Eddy Mitchell, le cinéaste a raconté qu’ils se sont connus au moment d’Une semaine de vacances, un film pour lequel Monsieur Eddy a produit la musique. « Eddy était à l’enregistrement et on partageait des passions pour certains chanteurs. Comme Eddie Constantine. Eddy connaît par cœur une dizaine de ses chansons. Je me suis dit qu’Eddy pourrait être un acteur formidable. Je lui ai proposé le rôle de Nono dans Coup de torchon. Jouer un imbécile, seul quelqu’un d’intelligent pouvait le faire. Nono en est une version abyssale, on touche à l’infini dans la crétinerie. Sur le tournage, grâce à Eddy, j’ai enrichi mon vocabulaire. Jeannot le marcheur, c’était du Johnnie Walker. Quand il fumait des grèves chanceuses, c’était des Lucky Strike. Et il fallait l’entendre avec Guy Marchand chanter le répertoire de Bing Crosby. C’était à tomber par terre ! Eddy a fait aussi une apparition formidable dans Autour de minuit : il entre en titubant dans un bar, boit un verre et s’effondre. Dexter Gordon se tourne vers le barman et lui dit : « Donnez-moi la même chose ! »

 

Eddy Mitchell parle ensuite de sa cinéphilie, née dans les salles de Belleville où son père l’amenait après le boulot. « À cette époque, on ne parlait pas de réalisateurs. On allait voir un film de Gary Cooper ou de Burt Lancaster. » Comme Christophe Lambert est dans la salle, Eddy évoque I Love You, le film de Marco Ferreri — « un personnage tellement hors du commun » — qu’ils ont tourné ensemble. Ils se souviennent que Ferreri disparaissait « parce qu’il avait besoin de pommes » : « Il les épluchait et gardait les pelures dans un sac. » Ils concluent : « C’est quand même l’histoire d’un type amoureux d’un porte-clés ! »

Et de conclure par un karakoé géant et unanime sur La dernière séance.

La mort aux trousses peut démarrer. Le 9e festival Lumière est bien parti qui, outre les films de Wong Kar-wai — qui arrivera en fin de semaine —, va proposer une rétrospective Clouzot, des hommages à Tilda Swinton, Diane Kurys, Jean-François Stévenin, Guillermo del Toro, Anna Karina, Michael Mann, William Friedkin, Giorgio Moroder… Que du bon !

Jean-Charles Lemeunier



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