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« 8 millions de façons de mourir » de Hal Ashby : Vivre et mourir à L.A.

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S’il existe, comme l’annonce le titre du film de Hal Ashby que BQHL a la bonne idée de ressortir dans un coffret Blu-ray/DVD, huit millions de façons de mourir, il va sans dire que, dès les premiers plans du film, on se doute bien que c’est beaucoup plus de personnes encore qui vivent et meurent à Los Angeles, décor symbolique de ces trépas annoncés. Premiers et superbes plans qui survolent la gigantesque mégapole, avec ces nœuds autoroutiers et ces flots de voitures qui les parcourent.

Que sont les hommes, perdus dans cette immensité qu’ils ont pourtant construite ? Des pas grand chose et le début du film, qui ressemble vraiment à du Friedkin — celui de To Live and Die in L.A., en français Police fédérale, Los Angeles — nous présente une interpellation policière qui tourne mal. Le flic qui la mène (Jeff Bridges) a commis une erreur et sombre dans l’alcool.

 

 

Bien sûr, Ashby, à qui l’on doit des films aussi différents que Harold et Maude, En route vers la gloire, Shampoo ou Le retour, n’est pas Friedkin mais les deux films, sortis à un an d’écart (Police fédérale précédant 8 millions), ont plusieurs points en commun. D’abord un flic tenace, en désaccord avec sa hiérarchie, mais cela est assez banal, somme toute. Un méchant haut en couleurs dans un lieu inattendu et ici, Andy Garcia et cette immense villa qui sert de casino et qui est reliée au parking par un téléphérique sont d’excellents atouts. Ajoutons encore le hangar où se déroule une opération ou cette étrange maison que Garcia est en train de se faire construire, inspirée des travaux de l’architecte catalan Antoni Gaudi. En effectuant quelques recherches, on comprend qu’il s’agit de la O’Neill House, sur Rodeo Drive, à Beverly Hills.

Tiré d’un roman de Lawrence Block, le script musclé de 8 Million Ways to Die réunit les signatures d’Oliver Stone, Robert Towne et David Lee Henry. Si ce dernier n’a pas de grands titres de gloire à son palmarès (citons L’enfer de la violence avec Charles Bronson), Towne a déjà écrit Bonnie and Clyde pour Arthur Penn et Chinatown pour Polanski et Oliver Stone, qui se lance juste dans la mise en scène, est déjà l’auteur du Scarface de De Palma et de L’année du dragon pour Cimino.

 

 

Sur un matériau somme toute anecdotique (un flic raté devenu alcoolo qui rencontre une prostituée menacée qu’il ne saura protéger et qui va se lancer dans une enquête en solitaire, aidé par un malfrat sympathique joué charismatiquement par Randy Brooks), Ashby nous entraîne dans une succession de séquences à la manière d’un pilote de course. Ralentissements et brutales accélérations font en effet tout le piquant de sa mise en scène. Le cinéaste, qui n’a finalement pas de films d’action à son actif, maîtrise parfaitement les séquences de poursuites et de flingages.

 

Plus que Jeff Bridges, pourtant génial acteur mais qui, ici, en fait parfois un peu trop quand il est censé être sous influence alcoolique (comme s’il cherchait l’attitude adéquate à tenir, celle qu’il magnifiera dans le sublime Big Lebowski), c’est Andy Garcia qui tire le mieux son épingle du jeu. On sait qu’un film est réussi si le méchant de l’histoire l’est, ce qui est le cas ici. Avec son petit catogan, ses manières polies qui ne sont qu’un écran qui parfois se brise lorsque la colère monte, Garcia est formidable. L’année suivante, il changera de camp dans Les incorruptibles de De Palma, asseyant définitivement sa carrière dans l’excellence. Les rôles féminins (Rosanna Arquette et Alexandra Paul) sont en revanche un peu sacrifiés au profit des plans de L.A. dont les décors sont successivement industriels, balnéaires ou urbains. Alors, certes, il y a 8 millions de façons de mourir mais aussi plusieurs bonnes raisons de se replonger dans ce polar des années quatre-vingt.

Jean-Charles Lemeunier

8 millions de façons de mourir
Titre original : 8 Million Ways to Die
Année : 1986
Origine : États-Unis
Réal. : Hal Ashby
Scén. : Oliver Stone, Robert Towne, David Lee Henry d’après Lawrence Block
Photo : Stephen H. Burum
Musique : James Newton Howard
Montage : Robert Lawrence, Stuart Pappé
Durée : 115 minutes
Avec Jeff Bridges, Rosanna Arquette, Alexandra Paul, Randy Brooks, Andy Garcia…

« 8 millions de façons de mourir » de Hal Ashby, combo Blu-ray/DVD sorti par BQHL Éditions le 18 avril 2019.


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