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Catherine Deneuve, Prix Lumière 2016 : Belle de jour, du soir et de la nuit

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On aurait pu se croire à une soirée des Césars à la vision des invités qui, après une petite séance photo devant l’affiche officielle, regagnent leurs places sous les applaudissements. Park Chan-Wook (clap clap). Marisa Paredes (clap clap clap). Laurent Gerra (clap clap clap clap). Et ainsi de suite. Jean-Paul Rappeneau, Julie Depardieu, Costa-Gavras, Jean-Paul Rouve, Hippolyte Girardot, Vincent Lindon, Bertrand Tavernier, Benoît Magimel, Sandrine Kiberlain, Chiara Mastroianni, Melvil Poupaud, Lambert Wilson, Michel Hazanavicius, Régis Wargnier, d’autres encore qui, à chaque arrivée, déclenchent le tonnerre. Que dire alors lorsque sont annoncés Roman Polanski, Quentin Tarantino puis, enfin, Catherine Deneuve ? Les lignes de cet article se rempliraient de clap et, pour la dernière, reine de la soirée, la salle entière se lève. 

 

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Les Césars ? Non, vous n’y êtes pas, l’action décrite ne se déroule pas au Châtelet mais à la salle 3000 de Lyon, où le 8e Prix Lumière va être décerné à Catherine Deneuve. Tous les partenaires et tous les cinéastes qui ont dirigé l’actrice n’ont pu être présents — signalons tout de même dans la salle la présence d’Emmanuelle Bercot, Gaël Morel, Gustave Kervern, Thierry Klifa, Martin Provost, Christophe Honoré… Certains sont retenus sur des tournages, tel André Téchiné. D’autres sont au théâtre — et Daniel Auteuil a tenu à envoyer une petite vidéo d’hommage réalisée à l’aide de son téléphone portable. Directeur de l’Institut Lumière qui organise cette grande manifestation, Thierry Frémaux cite une interview d’Arnaud Desplechin, lui aussi en tournage, parue dans Les Inrocks. Mettant en exergue la phrase de Bob Dylan « Never Explain, Never Complain » — ce qui fera ajouter à Frémaux que l’actrice va recevoir le prix Nobel du cinéma —, Desplechin explique que chacun des films de l’actrice « est un petit bloc, une pierre qu’il nous faut accepter pour construire encore et toujours les fondations d’un cinéma moderne ».

 

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Sur l’écran géant derrière la scène, la caméra traque le visage de l’actrice, assise à côté de Roman Polanski. Elle hausse de temps en temps les sourcils ou les épaules, comme si elle ne méritait vraiment pas tous ces éloges. D’autant plus que chacun à tour de rôle, Vincent Lindon, Quentin Tarantino, Lambert Wilson qui interprète avec Nathalie Dessay une chanson des Demoiselles de Rochefort, Bertrand Tavernier et, enfin, Roman Polanski vont en rajouter.

 

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Lindon célèbre l’actrice qu’il admire et dont il a été le partenaire par un joli texte où il parle tout autant du goût de Catherine Deneuve pour les cigarettes que son professionnalisme. Bertrand Tavernier, lorsque ce sera son tour d’intervenir, commence ainsi : « Vincent, si je meurs, je veux que tu fasses mon éloge ! » Il poursuit : « Catherine, à elle seule, c’est le cinéma français » tandis que Tarantino se souvient d’elle, « Catherine Deniouve », comme la co-présidente du jury cannois qui, avec Clint Eastwood, lui avait remis la Palme d’or en 1994 pour Pulp Fiction. Thierry Frémaux rappelle la phrase de Gérard Depardieu à propos de l’actrice : « Elle est l’homme que j’aurais aimé être ! »

 

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Roman Polanski lui remet enfin le Prix Lumière, lui rappelant le tournage de Répulsion : « On était jeunes, on était beaux, on était surtout heureux…  Je ne pensais pas qu’on tiendrait si longtemps. »  Au micro, comme pour un aparté théâtral, Thierry Frémaux remarque qu’il ne faut pas trop faire durer la cérémonie, sous-entendu que cela est embarrassant pour la pudeur de Catherine Deneuve. Prenant sans doute conscience que ça n’arrive pas qu’aux autres, celle-ci prend la parole pour décrire la soirée comme « une situation assez exceptionnelle que je ne revivrai jamais ». Puis, tenant son prix, elle confie : « Parmi les films que j’ai voulu montrer, il y a Profils paysans de Raymond Depardon. Je  dédie ce prix à tous les agriculteurs français. »

 

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Nul besoin de lui en demander plus. Qu’aurait-elle pu ajouter ? Rien. Il suffit de se plonger dans la longue liste de chefs-d’œuvre dans lesquels elle rayonne pour comprendre que l’émotion palpable sur la scène était partagée par l’ensemble du public.

Jean-Charles Lemeunier



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