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« Le monstre ressuscité » de Chano Urueta : Une belle découverte

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Une ambiance particulière vous saisit dès le début de ce Monstruo resucitado (1953, Le monstre ressuscité), film mexicain signé Chano Urueta, que Bach Films édite en DVD. Particulière parce qu’on a beau repérer dans le scénario de l’Italien Dino Maiuri des éléments empruntés au Fantôme de l’Opéra, à Frankenstein, à différents musées de cire qui servent de décor fantastique, à ces nombreux films où des créatures relèvent autant de l’homme que du singe ou au Dr Caligari (le somnambule qui obéit aux ordres du sinistre docteur est ici remplacé par un mort revenu à la vie), le tout ne ressemble en rien à un copié-collé mais bien à une œuvre originale et sacrément intéressante. Le mélange de tous ces éléments nous situent d’emblée dans un terrain effrayant connu mais également dans quelque chose de nouveau.

Urueta, que l’on connaîtra sur le tard comme acteur dans les films de Sam Peckinpah (le vieux Mexicain du formidable La horde sauvage ou le barman du non moins sublime Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia, c’est lui), a décidé de tourner son Monstre uniquement en studio et ce ne sont pas les quelques transparences censées se situer en bord de mer qui démentiront ce parti pris. D’où l’oppression qui naît rapidement, dans ces ruelles sans cesse plongées dans l’obscurité ou dans ce manoir inquiétant où le monstre (José Maria Linares Rivas) vit avec son serviteur (Alberto Mariscal). La bande sonore est tout aussi angoissante. Dès que les personnages s’approchent du cimetière qui borde le manoir, de sinistres aboiements de chiens se font entendre auxquels font écho des cris eux aussi redoutables et semblant provenir des tréfonds du château, qui plus est d’une voix humaine.

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Le film se refuse à tout manichéisme. On pourra aisément plaindre le méchant et reprocher à la jolie héroïne — Miroslava qui, deux ans après, sera la vedette de La vie criminelle d’Archibald de la Cruz, au générique duquel on retrouve Linares Rivas, et se suicidera avant la sortie de ce film, âgée seulement de 30 ans — de ne pas être très charitable. Mais cela n’empêchera pas de s’inquiéter pour elle dans les séquences où apparaît ce mystérieux chirurgien. Puisqu’il est question de monstre et que ledit médecin cache, dès le début, son visage sous un masque, on se doute qu’on va tôt ou tard découvrir la réalité affreuse qu’il dissimule. Le résultat, pour caoutchouteux qu’il soit, ne fera pas ricaner parce que ce Monstre ressuscité est davantage digne d’éloges que de moqueries.

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Comme dans tout bon film d’horreur classique, la jeune femme se livre facilement au grand méchant mais Urueta ménage habilement son suspense et nous surprend plus d’une fois. A noter, puisqu’il a été question plus haut d’un homme singe, que celui-ci est incarné par un certain Stefan Berne. Comme quoi les secrets d’histoire réservent quelques surprises.

Jean-Charles Lemeunier

« Le monstre ressuscité », édité par Bach Films depuis le 15 septembre 2016.



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