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« Life Is a Circus » de Val Guest : Folie douce

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La découverte de Life Is a Circus, une comédie loufoque britannique de 1960 signée Val Guest, que Tamasa sort en DVD accompagné d’un livret, laisse perplexe. On se rend compte alors de l’abîme qui nous sépare de nos voisins. Autant nous connaissons les comiques américains, depuis l’époque du muet jusqu’à aujourd’hui, autant en matière d’humour anglais notre ignorance est profonde. Certes, tout le monde a entendu parler des Monty Python mais il est difficile pour nous d’apprécier le Crazy Gang, cette troupe d’énergumènes qui s’agitent dans Life Is a Circus. Notre esprit les rapproche alors du nonsense américain mené tambour battant par les Marx Brothers ou que l’on retrouve dans des films tels que Hellzapoppin (1941). Mais on a du mal à saisir toutes leurs intentions et leurs clins d’œil, alors que leur jeu extrême devait faire se bidonner le public british.

Le Crazy Gang, donc, a sévi sur les scènes et dans les films anglais des années trente à soixante. Le groupe est composé de Bud Flanagan, Jimmy Nervo, Teddy Knox, Charlie Naughton, Jimmy Gold, Chesney Allen et Eddie Gray. Qui sont-ils ? En gros, une gentille bande de bras cassés, sans véritable compétence si ce n’est leur grand cœur et leur manière d’accumuler les bêtises avec ténacité. Au point de confondre souvent l’un des leurs avec un chimpanzé.

Ainsi, Life Is a Circus démarre sur un petit cirque ambulant qui traverse la campagne anglaise. La caravane se retrouve, face à un cirque plus important, en demeure de reculer. Évidemment, le Crazy Gang montre les dents et refuse. Et apprend, dans la conversation, que sa caravane est à contresens sur une route à sens unique. Il faudra toute la diplomatie des deux rejetons des deux familles de cirque ennemies pour que la mauvaise foi baisse d’un cran et que les deux groupes puissent se croiser. C’est ainsi que nous faisons connaissance — et qu’eux-mêmes se voient pour la première fois — avec Shirley (Shirley Eaton), la fille du patron du petit cirque, et Carl (Michael Holliday), le fils du patron du grand cirque. Et qu’une idylle à la Roméo et Juliette se crée.

Les affaires du petit cirque sont au plus mal. Tout irait pour le pire, avec les bévues empilées les unes sur les autres par le Crazy Gang pour tenter de sauver la situation, si l’un d’entre eux ne récupérait un stock de quincaillerie et ne repérait dans le lot une vieille lampe à huile. En la lavant et la frottant, Bud (Bud Flanagan) ne fait rien de mieux qu’apparaître un génie (Lionel Jeffries), celui d’Aladin bien sûr. Un génie qui passait depuis plusieurs siècles du bon temps dans sa lampe, dont l’intérieur ressemble à un palais oriental, avec serviteurs et houris.

Il faut bien reconnaître que la surprise est de taille. Dans cette loufoquerie qui semble davantage destinée aux enfants, le cinéaste se met soudain à songer aux papas qui les accompagnent et voici qu’il filme sous toutes les coutures une jolie danseuse au voile transparent et qui n’est pas avare de ses charmes. N’oublions pas que Val Guest est un cinéaste qui a suivi divers courants à la mode (les comédies, l’horreur et la SF, la préhistoire et les films érotiques) et qu’il a souvent aimé déshabiller ses actrices. Souvenons-nous ainsi de Diane Cilento dans The Full Treatment la même année ou de Janet Munro en 1961 dans The Day the Earth Caught Fire (Le jour où la Terre prit feu).

Fermons la parenthèse et laissons-nous gagner par l’entrain des interprètes même si, peut-on lire sur les sites anglais parlant de Life Is a Circus, le Crazy Gang semble ici fatigué. Notons cette chanson entêtante qui ouvre le film et qui reste gravée en nous. Notons encore une séquence étonnante : par un tour de passe-passe, comme on lui demande de trouver des attractions, le génie fait surgir dans le cirque une caravane de cowboys poursuivis par des Indiens. Quand tout ce petit monde quitte le chapiteau, cowboys et Indiens se retrouvent dans la circulation londonienne et stoppent aux feux rouges. Et l’on ne peut s’empêcher de penser à Marco Ferreri et son Touche pas à la femme blanche (1974), dans lequel l’épopée du général Custer et de Buffalo Bill étaient recréée dans les rues de Paris avec les soldats bleus qui, eux aussi, arrêtaient leurs chevaux devant les feux.

Godard avait raison de le signaler. Tout film est ainsi capable de contenir des moments de grâce. Il suffit de savoir regarder et de ne pas avoir l’esprit trop fermé.

Jean-Charles Lemeunier

Life Is a Circus
Année : 1960
Origine : Grande-Bretagne
Réal. : Val Guest
Scén. : Val Guest, Len Heath, John Warren
Photo : Arthur Graham
Musique : Philip Green
Montage : James B. Clark, Bill Lenny
Durée : 84 minutes
Avec Bud Flanagan, Jimmy Nervo, Teddy Knox, Charlie Naughton, Jimmy Gold, Chesney Allen, Eddie Gray, Shirley Eaton, Michael Holliday, Lionel Jeffries…

Sortie par Tamasa en DVD Digipack + livret le 20 septembre 2022.


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